Les Rues De Toulouse:
Les Toulousaines.


Etabli par Michel Grau avec la collaboration réciproque de l'association "Les petites Toulousaines" .


On a pris l'habitude d'appeler "Toulousaines" ces innombrables petites maisons qui parsèment et enchantent l'agglomération toulousaine. Elles font tellement parties du paysage que pas grand monde ne s'émeut quand l'une d'elles disparaît sous l'effet de la pression immobilière, mais c'est une partie de l'âme de la ville qui s'envole.

Les "Toulousaines" sont des filles de la campagne elles ressemblent aux fermes de la campagne environnante. Elles tirent leurs origines dans l'installation dans les faubourgs (au sens large) d'une population anciennement agricole qui a souhaité reproduire en ville un schéma rural. Cette émigration coïncide de façon magique avec des débuts de l'industrialisation de la brique et des décorations en terre cuite par exemple dans les ateliers Virebent et autres, d'où une certaine standardisation dans les plans mais une non moins certaine fantaisie dans les ornements et de toutes façon une surprenante richesse dans les décorations pour ces maisons presque toujours modestes.

La période de construction de ces délicieuses maisonnettes doit commencer vers les années 1860 et les zones d'implantations couvrent des quartiers maintenant urbains comme le Buscat, Saint-Exupéry, Guilheméry, Saint Cyprien extérieur, les Ponts jumeaux, Compans-Caffarelli, les Minimes, etc.

La principale caractéristique de ses maisons sans étages est d'avoir la pente du toit parallèle à la façade où sont percées les fenêtres et la porte. Au moyen age, renaissance et classique la maison est étroite et profonde voir haute. Celle ci est longue et sans étage, souvent le toit est plus bas sur l'arrière que sur le devant elle tient cela de son ascendance paysanne. Cela permet de présenter au monde une devanture que l'on va décorer soigneusement.


Epluchons maintenant le génome des Toulousaines.

-Le toit est à deux pentes et le faîte est parallèle à la façade où se trouvent la porte et les fenêtres principales.
-Le toit descend souvent plus bas sur l'arrière que sur l'avant de la hauteur de l'attique.
-La construction est en brique cuite, avec quelque fois des strates de galets.
-La façade est le plus souvent crépie surtout en présence de galets, mais la brique apparaît totalement sur les exemples plus luxueux. (Des grattages révèlent souvent des pans de murs magnifiquement beaux mais non traditionnels).
-Majoritairement la toulousaine est symétrique une porte centrale et deux fenêtres de chaque cotés, ce n'est pas du tout une obligation.
-Les entourages des fenêtres et de la porte sont en briques nues plus ou moins moulées ou taillées mais toujours saillantes.
-Les fenêtres centrales sont souvent plus proches de la porte que des autres fenêtres, et même d'entourage de briques leur est commun formant un bloc lié.
-Les volets sont en bois pourvus d'une nervure en "Z". (Se raréfie un peu).
-Originellement il n'y a pas de sous sol donc pas de soupirail, mais ceux ci apparaîtrons avec des toulousaines plus cossues. Pas plus qu'en principe il n'y a de marquise.
-Autre élément très typique: la maison comprend un attique.
-En haut de l'attique, pour cacher les chenaux une frise d'antéfixe. Comme sur les cotés des temples étrusques, les procédés de moulage ont permis à ces maisons de posséder ces somptueuses décorations de terre cuite unique au monde. (Souvent absentes ou détruites il en reste encore de nombreuses dont l'entretient est périlleux)
-En support des antéfixes ou des chéneaux une corniche en terre cuite ou briques principale à plusieurs degrés s'étend sur toute la largeur de la façade justifiant parfois des décorations genre frise de denticules, mutules ou autres.
-Pour aérer le galetas, l'attique est percée d'oculi placés au dessus des ouvertures (porte et fenêtres) chacun est orné d'une rosace en terre cuite.
-En bas de l'attique une corniche plus petite: un larmier marque la position du plafond. Elle est en terre cuite ou briques moulées elle aussi.
-D'autres éléments de décoration sont possibles comme: mitres de cheminée, céramiques variées, fleurs de porcelaine, lambrequins, grille de vantaux, ou grade corps en fonte moulée, voir muret acrotère etc.
-Bien entendu à part le critère "Un" (et encore) rien n'est obligatoire, et la toulousaine parfaite est bien rare, mais les toulousaines sont encore nombreuses.
-La "Toulousaine" a une soeur: la "Maraichère" qui a en extrémité une grande porte cochère qui ouvre sur l'atelier. De plus elle a la façade perpendiculaire à la rue pour faciliter l'accés aux surfaces cultivées.
-Il faut également remarquer que la "Toulousaine" a une cousine qui, elle, est une maison à étage et qui lui ressemble beaucoup mais qui est plus citadine c'est la "maison toulousaine" qui viendra à distinguer le premier étage, noble, par de magnifiques grilles de garde-corps. Souvent au premier étage une porte fenêtre avec balconnet et garde corps tient la place de la porte du rez de chaussée.


Décodage de ma nomenclature.

J'ai classé les Toulousaines d'abord par le nombre de fenêtres de chaque coté de la porte (s'il y en a une).
Donc T-3p1 veut dire trois fenêtres à gauche la porte et une fenêtre à droite, le model le plus classique sera donc T-2p2 et enfin T-300 il y a trois fenêtres et pas de porte (de ce coté).
En plus j'ai rajouté une lettre décrivant l'état de la maison t=traditionnel soit en l'état d'origine, s=surélevée signifie que l'on a rajouté quelque chose au dessus assez discrètement, e=étage on a ajouté carrément un étage sans trop de précaution, m=modifiée la façade a été chamboulée très souvent par le percement d'une porte de garage assez néfaste. T-2p2-t est le classique des classiques.
On peut trouver aussi T-C2p2-t cela caractèrise une maison d'origine maraîchère où à gauche on trouve en plus la porte cochère de l'atelier etc...


Les Toulousaines.