Les Rues De Toulouse:
rue de Domrémy.


établi par Michel Grau avec la collaboration de l'Association des Villes Johanniques
et de Charles Péguy


La rue de Domrémy joint l'Avenue des Minimes à la rue du général Bourbaki. Elle est située dans le quartier des minimes entre la place du marché aux cochons et l'église Saint-Roch.

Le village de Domrémy est universellement connu par Jeanne d'Arc qui y naquit le 6 janvier 1412, dans une maison en partie conservée en l'état, en visitant l'intérieur on peut constater que c'est une maison relativement cossue. La façade actuelle fut édifiée en 1431 par un arrière petit-neveu de Jeanne, Claude du Lys, seigneur de Domrémy. Près de la maison se trouve l'église Saint-Rémy (justement), qui a subi quelques changements depuis ce temps-là: par exemple, en 1824, elle a été retournée, ce qui a mis le chœur à l'emplacement du porche d'autrefois, et inversement. Mais c'est toujours l'église de Jeanne. En entrant, vous plongerez vos doigts dans le même bénitier qu'elle, puis vous vous dirigerez vers le transept sud où se dressent les fonds baptismaux où Jeanne fût baptisée.

Curieusement le village de Domrémy était partagé entre plusieurs autorités : la partie nord appartenait à la Champagne, relevait de la châtellenie de Vaucouleurs et était incorporée au royaume de France. La partie sud, comprenant la maison de Jeanne, appartenait au Barrois mouvant, le duc de Bar étant vassal du roi de France pour les terres situées à l'ouest de la Meuse.

Adieux à la Meuse

Adieu, Meuse endormeuse et douce à mon enfance,
Qui demeures aux prés, où tu coules tout bas.
Meuse, adieu: j'ai déjà commencé ma partance
En des pays nouveaux où tu ne coules pas.

Voici que je m'en vais en des pays nouveaux:
Je ferai la bataille et passerai les fleuves;
Je m'en vais m'essayer à de nouveaux travaux,
Je m'en vais commencer là-bas les tâches neuves.

Et pendant ce temps-là, Meuse ignorante et douce,
Tu couleras toujours, passante accoutumée,
Dans la vallée heureuse où l'herbe vive pousse,
Ô Meuse inépuisable et que j'avais aimée.

Tu couleras toujours dans l'heureuse vallée;
Où tu coulais hier, tu couleras demain.
Tu ne sauras jamais la bergère en allée,
Qui s'amusait, enfant, à creuser de sa main
Des canaux dans la terre, à jamais écroulés.

La bergère s'en va, délaissant les moutons,
Et la fileuse va, délaissant les fuseaux.
Voici que je m'en vais loin de tes bonnes eaux,
Voici que je m'en vais bien loin de nos maisons.

Meuse qui ne sais rien de la souffrance humaine,
Ô Meuse inaltérable et douce à toute enfance,
Ô toi qui ne sais pas l'émoi de la partance,
Toi qui passes toujours et qui ne pars jamais,
Ô toi qui ne sais rien de nos mensonges faux,

Ô Meuse inaltérable, ô Meuse que j'aimais,
Quand reviendrai-je ici filer encor la laine?
Quand verrai-je tes flots qui passent par chez nous?
Quand nous reverrons-nous? et nous reverrons-nous?

Meuse que j'aime encore, ô ma Meuse que j'aime...

Charles Péguy


10, rue de Domrémy.

14, rue de Domrémy.